les recherches
L’année 2021 marque le 71
e anniversaire de la disparition du AF-2469 dans une région parsemée d’avions écrasés et perdus, qui, de temps en temps sont retrouvés par hasard.
Pendant plus de sept décennies, d’innombrables chercheurs, soi-disant archéologues aéronautiques et aventuriers ont recherché le AF-2469.
Comme dans d’autres disparitions célèbres, plus de 70 ans de recherches infructueuses ont engendré, autour de l’AF-2469, des histoires de plus en plus éloignées des faits. Des bûcherons, randonneurs et visiteurs de la région prétendent avoir leur petite idée ou même des certitudes sur l’emplacement de l’épave de l’avion.
Opérations de secours officielles
Le AF-2469 est déclaré officiellement perdu à 2005AST/EDT (0005Z du 27 janvier).
A 0502Z (7h46 après son décollage), une première information est reçue à Great Falls AFB depuis Elmendorf AFB pour signaler que le AF-2469 a probablement fait un atterrissage d’urgence près de Watson Lake, au Canada (700 km au sud-est de Snag, à la frontière entre le Territoire du Yukon et la Colombie-Britannique).
Le même jour, à 0920Z, la RCAF confirme ne pas avoir de nouvelles du AF-2469 sur son territoire. Mais elle met en alerte ses équipes SAR (Search and Rescue).
A 1046Z, le combustible du AF-2469 est théoriquement épuisé et, 24 heures après son décollage, l’avion est déclaré accidenté.
Une opération de secours conjointe de l’USAF et de la RCAF est lancée immédiatement. Le quartier général des recherches est installé à Whitehorse, Territoire du Yukon, Canada.
L’opération de recherche s’appelle désormais
opération Mike, d’après le surnom du pilote de l’avion perdu, le premier lieutenant Kyle E. McMichael.
La surface des recherches réalisées est gigantesque: 917'000 km2 (l’équivalent des territoires de France et d’Italie additionnés).
Les recherches impliquent plus de 85 avions des Etats-Unis et du Canada et 7000 personnes.
La rapide réaction dans la mise en place d’une si vaste opération de recherche est facilitée parce que la plupart des participants étaient déjà ressemblés, équipés et prêts à partir pour prendre part à l’exercice
Sweetbriar, un wargame américano-canadien grandeur nature, qui devait se dérouler dans le Grand Nord les jours suivants.
Le wargame tourne alors à l’opération SAR la plus grande jamais déployée dans la région.
La quantité exceptionnelle de personnel et d’avions impliqués a aussi des conséquences négatives sur les recherches: des patrouilles au sol sont signalées comme des survivants marchant sur la neige ; la vapeur des cuisines de campagne est prise pour des signaux de fumée ; des émissions radio de chercheurs sont interprétées comme des signaux de détresse et, de plus, des avions isolés, posés sur des lacs gelés, sont pris pour le AF-2469.
Pour ajouter des complications et des confusions, trois vols d’avions de recherche finissent en crash.
Le 30 janvier 1950, un Douglas C-47 de l’USAF (serial 45-1015) participant aux recherches se crashe près de Whitehorse. Tous les membres d’équipage sont blessés. Le pilote marche 13 km jusqu’à une autoroute pour signaler le crash à un conducteur de camion.
Le 7 février, un autre Douglas C-47 (serial 45-1037) s’écrase sur une montagne au sud de Aishihik Lake, avec 10 membres d’équipage, sans perte humaine.
Le 16 février, un C-47 de la RCAF (serial KJ-936) se crashe à son tour près de Snag. Ses quatre membres d’équipage sont légèrement blessés, mais leur épave est signalée, là-aussi et à plusieurs reprises, comme les restes du AF-2469 recherché.
Ces trois accidents sans perte humaine renforcent la conviction des chercheurs qu’il faut trouver très rapidement le AF-2469, pour donner une chance aux survivants, qui attendent sûrement les secours dans un froid polaire.
Cependant, l’
opération Mike était arrêtée deux jours avant le crash de l’avion canadien.
Le 14 février, un bombardier stratégique Convair B-36B (serial 44-92075) avec 17 membres d’équipage, armé d’une bombe nucléaire
Mark 4, est porté disparu dans la région. Il s’agit du premier incident
broken arrow (la perte d’une arme nucléaire) reconnu par les Etats-Unis, cinq mois après le premier essai nucléaire soviétique.
Ainsi, dès le 14 février, tous les moyens de recherche du AF-2469 sont désormais assignés à la recherche de cet avion.
Le B-36B ne sera retrouvé que trois ans après, par hasard, par un avion canadien lancé à la recherche du De Havilland Dove du millionnaire texan Ellis A. Hall.
L’opération Mike est d'abord officiellement « suspendue » et définitivement abandonnée avec la fin du wargame
Sweetbriar.
Le 20 février 1950, les familles des disparus sont informées que toutes les personnes à bord du AF-2469 sont présumées mortes.
Le jeudi 23 février 1950, 29 jours après son décollage depuis Elmendorf AFB, le quartier général de la 8
th Air Force, groupe tactique de l’avion perdu, adresse un message au quartier général de Briggs AFB, base de rattachement du AF-2469, pour l’informer que toutes les recherches de l’avion sont officiellement abandonnées « sauf pour investiguer des signalements particuliers ».
Aucune autre recherche officielle ne sera lancée.
En 2012, des descendants des militaires disparus signent une pétition adressée au gouvernement fédéral des Etats-Unis (« We the people petition »), afin de relancer les recherches pour trouver le AF-2469.
En 2020, Andrew Gregg est désigné directeur du documentaire
Skymaster down, qui relate les recherches du AF-2469.
En juin 2021, la sortie imminente du film est annoncée sur la page Facebook des familles des disparus.