les recherches
Les opérations de secours officielles, par voie aérienne et terrestre, se déroulèrent durant presque un mois.
Sans résultat aucun.
La découverte d'une chambre à air appartenant probablement au Cuatro Vientos, trois jours après le drame, accrédita la thèse du crash en mer.
Cependant, une rumeur fit son apparition huit ans après les faits et se prolongea jusqu'à aujourd'hui dans certains milieux, basée sur des témoignages oraux et écrits d'un crash de l'avion dans la Sierra Mazateca et de l'assassinat des deux membres d'équipage à des fins de rapine.
Cette rumeur fut confortée par la découverte au Cerro Guacamaya (Sierre Mazateca) des restes enterrés d'un avion et de ses deux occupants.
Aucune confirmation de leur appartenance au Cuatro Vientos ne put cependant être fournie.
Finalement, des recherches sous-marines dans le golfe du Mexique ne donnèrent aucun résultat non plus. Le mystère demeure entier.
Recherches officielles mexicaines
L'alerte fut donnée le même jour à 20h30, heure locale de Mexico, par le premier magistrat de Mexico au chef d'Etat-major. Les recherches officielles débutèrent le lendemain. L'aviation militaire mexicaine coordonna les opérations de recherches.
Seize escadrilles mexicaines quadrillèrent des zones dans les Etats de Campeche, Tabasco, Chiapas et Veracruz, totalisant 300'000 km
2 (les zones forestières entre les parallèles 15 et 20 degrés, la frontière avec le Guatemala, les côtes, une grande partie du golfe du Mexique et la baie de Campeche).
Durant presque un mois, les recherches se poursuivirent au Mexique et au Guatemala par des membres de l'armée, de la marine et d'autres corps de la sécurité, ainsi que des civils : des milliers de personnes parcoururent plus de 200 km
2. Malgré un grand déploiement de moyens, aucun résultat ne fut obtenu.
Indice découvert
Trois jours après la disparition du Cuatro Vientos, le 23 juin 1933, un paysan découvrit sur une plage de Chiltepec (Etat de Tabasco) une chambre à air d'automobile en caoutchouc rouge, avec l'inscription « National Pirelli Manresa 30 x 4,50 ». Après la fin des recherches officielles, la chambre à air fut amenée à Veracruz et réceptionnée par l'ambassadeur d'Espagne au Mexique.
La direction de l'aviation militaire du Ministère de la guerre à Madrid consulta la maison Pirelli, qui déclara que la chambre à air fut fabriquée dans son usine de Manresa, en Catalogne, le 2 novembre 1932, mais ne pas être en mesure de donner le nom de l'acquéreur.
Selon les journaux mexicains, l'ambassadeur d'Espagne au Mexique déclara par la suite que le Ministère de Guerre avait identifié la chambre à air comme l'une des deux embarquées comme bouées de sauvetage à bord du Cuatro Vientos. La chambre à air, ainsi que la plupart de l'information disponible en relation avec le Cuatro Vientos, disparut durant la Guerre civile espagnole (1936 - 1939).
On envisagea alors que l'avion se perdit en mer, abattu par une tempête dans le golfe du Mexique.
Le mécanicien et assistant au sol du Cuatro Vientos, le sergent Madariaga, fut également interrogé sur la provenance de cette chambre à air, mais malheureusement son témoignage se contredit selon les sources consultées. Il aurait confirmé que les pilotes l'avaient attachée sous les sièges pour servir de bouée de sauvetage en cas de nécessité mais aurait également dit qu'elle ne faisait pas partie du matériel à bord.
Le 28 juin 1933, le Secrétariat de guerre mexicain annonça officiellement la disparition du Cuatro Vientos et la suspension des recherches, retirant tous les moyens officiels de l'armée, tant aériens que terrestres, laissant à l'initiative privée le soin des expéditions futures.
Selon la version officielle, notamment basée sur l'unique indice retrouvé, l'avion dévia de son cap en raison du mauvais temps et tomba en mer.
Cette thèse du crash en mer fut admise durant des années en Espagne.
Recherches officielles espagnoles
En décembre 1933, le célèbre aviateur républicain Ramón Franco (frère du dictateur Francisco Franco et pilote du « Plus Ultra » dans le vol Espagne - Argentine) devint l'attaché militaire espagnol à Washington, aux Etats-Unis.
Il se rendit à Mexico pour diriger une investigation officielle sur la disparition du « Cuatro Vientos ». Il interrogea quelques personnes, assista à des cocktails et des réceptions et décora les pilotes mexicains qui participèrent aux recherches.
Il envoya un rapport à Madrid en 1934, qui, avec presque toute l'information disponible en relation avec le Cuatro Vientos, disparut pendant la Guerre civile espagnole.
Recherches privées
1941
En 1941, huit ans après la disparition de l'avion, surgit une rumeur qui fut alimentée par la presse durant septante ans : l'avion serait tombé dans la Sierra Mazateca, montagnes appartenant à la Sierra Madre de Oaxaca, au nord de l'Etat d'Oaxaca, à proximité de la frontière avec les Etats de Veracruz et de Puebla.
Un groupe d'indigènes aurait vu l'avion s'écraser et aurait assassiné Barberán et Collar pour leur voler leurs affaires. La rumeur eut comme origine le témoignage oral d'une femme au propriétaire du ranch la Paz, Antonio Avendaño. Elle lui confessa que son mari et d'autres hommes virent l'avion tomber et se rendirent sur les lieux du crash. Ils virent que « le chauve » (Barberán) avait les jambes cassées mais l'autre (Collar) allait bien. Puis ils les tuèrent pour leur voler leurs biens.
Ce récit fut divulgué à un fermier, Julián Díaz Ordaz (de la famille de Gustavo Díaz Ordaz, qui sera président du Mexique de 1964 à 1970), habitant à proximité du village de Santa Maria Chilchotla (Etat de Oaxaca). Ce dernier décida d'envoyer une lettre au directeur de la revue mexicaine
Hoy, assurant que les pilotes étaient tombés sur une crête de la Sierra Mazateca et qu'un groupe d'indigènes menés par Bonifacio Carrera les tua pour les voler.
La revue envoya des reporters sur place durant plusieurs mois, mais l'expédition ne put apporter aucune preuve. Elle rapporta seulement les témoignages de personnes qui disaient avoir entendu les déclarations d'autres personnes, ainsi que l'énumération des noms des prétendus coupables (Bonifacio Carrera, Rainaldo Palancares et deux de ses fils).
A partir de ce matériel, la revue
Hoy fit durant plusieurs mois le récit du drame qui aurait eu lieu dans cette zone. Les publications furent interrompues par la Censure officielle du gouvernement mexicain, pour éviter le discrédit national si les détails de la tragédie parvenaient à l'étranger.
Les reportages publiés se convertirent en énorme succès pour le périodique mexicain. Cette version se généralisa dans les médias et fut régulièrement alimentée avec des variantes, dont la plupart invraisemblables. Certains en vinrent à penser que le Cuatro Vientos fut pris dans une très forte tempête qui l'obligea à réaliser un atterrissage d'urgence dans cette région.
1950
A la fin des années 1950, l'historien d’Oaxaca, Jorge Mejías Torres, entra en possession d'un pistolet militaire espagnol, de marque Gabilondo, fabriqué à Eibar (Pays basque), avec la légende « Plus Ultra » qu'un de ses oncles aurait acheté dans le village de Córdoba (Guacamaya) en 1934. Cet objet fut attribué par certains aux pilotes du Cuatro Vientos, apportant un argument supplémentaire pour appuyer la thèse du crash dans la Sierra Mazateca et l'assassinat de ses membres d'équipage pour s'emparer de leurs affaires. Mais l'appartenance de cette arme à l'un des pilotes fut infirmée par la suite.
1964
En 1964, le lieutenant général mexicain Serrano de Pablo déclara dans un article de la revue
Ya que Barberán et Collar furent assassinés, leur affaires pillées dans la Sierra Mazateca et le crime dissimulé.
Jusqu'aux années 1980
Au cours des années, diverses recherches privées furent menées par des journalistes, sans rapporter des informations vérifiées. L'un d'eux, Jésus Salcedo, reporteur de
Canal 13 de la TV mexicaine, spécialiste en aéronautique et investigateur de terrain, se dédia à la recherche du Cuatro Vientos par ses propres moyens. Dans les années 1980, il parcourut la Sierra Mazateca et interrogea des indigènes qui relatèrent le sort tragique des pilotes et livrèrent les noms des supposés assassins.
Ces « faits » ont été plus tard avalisés par différentes instances officielles de la municipalité de la Puebla et par le Ministère de la défense du Mexique. Ainsi, à la fin des années 1980, le général de division mexicain Gregorio Guerrero Caudillo affirma à la télévision que l'avion s'était écrasé dans la zone du Cerro Guacamaya (Etat de Veracruz, Sierra Mazateca) et que les pilotes furent assassinés, l'avion et les cadavres enterrés.
1995
En avril 1995, dans une falaise du Cerro Guacamaya, une grotte de 30 m de profondeur fut explorée. A environ 10 m de l'entrée reposaient les restes d'un avion, penché à 90 degrés, ainsi que les corps des pilotes. La Compagnie Aéropostale avec son président, Julián Aparicio, et le gouvernement mexicain menèrent une enquête à laquelle participa le journaliste Salcedo. Ils conclurent que les restes du Cuatro Vientos et des pilotes avaient été transportés depuis le lieu du crash jusque dans la grotte et enterrés pour dissimuler le méfait. Cependant, les experts aéronautiques espagnols ne purent pas confirmer qu'il s'agissait du Cuatro Vientos ni des corps humains.
1996
En 1996, l'historien du musée de l'Air de Cuatro Vientos, Juan Manuel Riesgo, reconnaît la fiabilité de la version apportée par Salcedo, à défaut des résultats finals des analyses (dont des morceaux de fuselage de l'avion retrouvé dans la grotte de La Guacamaya). Selon Riesgo, ces « faits » n'ont été révélés que tardivement parce que le gouvernement mexicain ne pouvait rendre officiel le fait que les pilotes aient été assassinés.
2003
En mars 2003, une expédition sous-marine fut entreprise dans le golfe du Mexique par le navire océanographique
Onjuku et l'armée mexicaine, entre Frontera et Paraíso et dans les baies de Coatzacoalcos et de Campeche. Sans résultat.
2014
En 2014, l'historien aéronautique mexicain Manuel Ruiz Romero Bataller publia son ouvrage dédié à la disparition du Cuatro Vientos. Certain que les pilotes n'avaient emporté à bord aucun objet de valeur (arme à feu, argent, bijoux, or), la thèse de l'assassinat pour vol était selon lui invraisemblable.
Il livra les conclusions de l'expertise technique que fit la Commission pour l'investigation technique des accidents d'avions militaires d'Espagne CITAAM (Comisión para la Investigación Técnica de Accidentes de aeronaves Militares de España).
Le rapport conclut que les « preuves » présentées par le journaliste Salcedo n'appartenaient pas au Cuatro Vientos, que le pistolet présenté faisait partie d'un lot envoyé pour la fabrique à Mexico en 1957 et que la seule preuve documentée du crash était la chambre à air Pirelli retrouvée trois jours après la disparition de l'avion.
Sa conclusion est que l'avion tomba en mer, abattu par une tempête dans le golfe du Mexique, entre Frontera et Minatitlán.